Résumé en 4 lignes : en France de grandes quantités de masques abandonnés à terre sont très certainement partis dans les cours d’eau durant l’épisode orageux du 3 et 4 juin. Ils rejoindront nos mers et nos océans pour décimer la faune marine et hypothéquer jusqu’à notre avenir. Il en reste encore à terre cependant issus des 3 premières semaines post confinement mais aussi de nouveaux laissés à terre en juin. Il est possible d’éviter qu’ils partent dans les mers et océans si nous parvenons à démocratiser le signalement de masques d’ici le prochain épisode orageux.
L’article complet :
Pour ce qui concerne la nécessité de signaler nos masques à terre et de vous associer à la création de ce service aussi bien qu’à sa diffusion, j’ai fait ce que j’ai pu pour vous convaincre mais je n’ai pas été suffisamment convainquant. Et en conséquence nous avons raté quelque chose d’important qui aurait pu éviter une catastrophe.
A quoi fais-je référence ?
Comme je l’ai noté dans le texte introductif du site web Masque à terre les masques abandonnés dans la rue sont susceptibles d’être déversés dans la nature par un phénomène dit de déversoir d’orage. Quand il y a orage et ce fut le cas sur la France dans la nuit du 3 au 4 juin (soit 7 jours après la mise en route de Masque à terre) avec des épisodes pluvieux torrentiels par endroit comme en région parisienne notamment, les eaux de pluie rejoignent le tout-à-l’égout pour ensuite être traitées dans la majorité des communes avec les eaux domestiques usagées. Or s’il y a trop de débit, des déversoirs refluent l’eau pour que celle-ci n’atteigne pas les stations d’épuration et n’engendre pas un engorgement. L’eau et ce qu’elle contient sont ainsi rejetés sans aucun filtrage et traitement dans le milieu naturel. Les masques abandonnés à terre dans nos rues (quand ils n’ont pas été ramassés par les services municipaux ou tout au moins “pas à temps” ou pas totalement sans chercher à nier leur travail) ont sans aucun doute été acheminés en très grande quantité ainsi dans nos cours d’eau, nos fleuves et ensuite nos mers et nos océans.
Je n’étais pas au courant spécialement de ce phénomène de déversoir. Je l’ai découvert en faisant des recherches sur les masques et leur pollution alors que j’avais l’intuition de la nécessité du service Masque à terre. J’ai été tellement investi à mettre sur pied le site web et son contenu que je ne prends pas le soin de regarder les infos et encore moins la météo ce qui pour ce dernier programme m’aurait permis peut-être d’anticiper la venue des orages.
Donc voilà à la sortie du confinement alors que nous avons été très nombreux à porter des masques jetables lesquels ont presque « naturellement » engendrés leur lot plutôt conséquent de masques abandonnés à terre, une opportunité d’éviter qu’une partie de ceux-ci partent dans la nature dès le premier épisode pluvieux torrentiel survenu les 3 et 4 juin a été ratée.
Quand je parlais de catastrophe en début de cet article je pèse mes mots. Déjà bien pollués par les plastiques, les mers et les océans reçoivent désormais des masques, qui d’ailleurs sont faits partiellement de plastique. Ces masques vont être ingurgités par la faune et très certainement les mammifères marins et les tortues de mer qui vont estimés qu’il s’agit de nourriture. Les masques vont en outre se décomposer pour devenir des particules fines qui seront ingurgitées par des organismes microscopiques tel que le plancton marin qui est rappelons-le la premier élément constitutif de la chaine alimentaire des océans et, pas des moindres, la seconde source d’oxygène sur Terre. Or il a déjà été démontré que les déchets une fois en milieu marin spécialement les plastiques perturbaient la fabrication d’oxygène du plancton.
Ces fines particules plastiques ensuite atterriront dans nos assiettes et donc nos estomacs.
Je n’invente rien. Tout ceci a déjà été l’objet de nombreuses démonstrations scientifiques.
Si je prends le temps de vous expliquer tout cela non sans une certaine amertume c’est que nous avons une nouvelle menace devant nous qui est susceptible de générer une catastrophe tout aussi sinon plus importante. A moins que…
A moins que nous saisissions l’opportunité de la période qui nous sépare du prochain épisode orageux pour adopter masque à terre et le faire adopter au plus grand nombre.
Une très grande partie des masques laissés à terre après le confinement et qui jonchaient en nombre nos rues ne sont plus visibles actuellement mais il est toujours possible d’en trouver ; en voici 2 rescapés pris en photo aujourd’hui 7 juin à Orléans :
Vous remarquez leur aspect défraîchi. Ils ne sont pas récents.
A côté de cela on trouve des masques abandonnés à terre tout récemment comme ces 2 masques pris en photo également aujourd’hui :
Nous n’avons pas fini d’utiliser des masques et qui dit utilisation dit abandon quoique l’on veuille. Nous allons toujours avoir des quantités abandonnés même si elles seront moindres que celles auxquelles nous avons été les témoins durant les 2 à 3 premières semaines qui ont suivi le 11 mai.
Il va falloir compter avec des masques qui arriveront à échapper aux opérations de nettoyage de la voirie ou tout simplement qui seront en dehors de leur zone de nettoyage. Ces masques nécessiteront un signalement pour ramassage dédié comme je le suggère. Ce sont des grandes quantités même énormes que lorsqu’on les met bout à bout et quoiqu’il en soit il peut suffire d’un seul masque ingurgité par une tortue pour lui causer des dommages voire peut être comme l’actualité va nous le rapporter la mort.
Il y a donc bien toujours un intérêt à faire que nous puissions tous être en mesure de signaler ne serait-ce même chacun un seul masque en plusieurs semaines voir mois car si nous sommes des centaines de milliers à utiliser Masque à terre, ce sont des centaines voire des milliers d’espèces marines que nous épargneront d’un fléau.
On a entamé une restriction des sacs plastiques ce qui n’empêche pas d’en voir toujours. J’en parle dans le prochain billet.